De nouvelles technologies au service de la propreté
Cryogénie, traitement par les UV, vapeur, les nouvelles technologies, le plus souvent issues du monde industriel, s’installent dans le quotidien des entreprises de propreté. Pour être efficaces, accessibles et économiquement viables ces systèmes ont besoin de s’adapter aux contraintes des utilisateurs, en termes de compacité, de prix, mais aussi d’ergonomie et de facilité d’utilisation.
Fabricants, utilisateurs et distributeurs s’accordent pour dire que la mécanisation continue à gagner le secteur de la propreté de façon régulière et inexorable. Source de gains de productivité, bien entendu, tout en étant garants d’un meilleur confort d’utilisation pour les entreprises de propreté, de nouveaux systèmes présents aujourd’hui sur le marché sont nés de technologies parfois éloignées du secteur de l’hygiène et de la propreté. Comme nous pouvons l’observer avec le nettoyage vapeur qui a franchi le cap de l’expérimentation chez beaucoup de donneurs d’ordres, des applications connues et reconnues dans le monde industriel, comme la cryogénie, sont en train de prendre pied dans l’univers du nettoyage. Pour prendre durablement, cette greffe doit cependant répondre à quelques exigences de base : proposer des matériels compacts et maniables, offrir des gains de productivité, permettre une montée en qualité de la prestation, garantir des prix attractifs. Autant de conditions qui peuvent constituer un véritable parcours du combattant, même si les entreprises de propreté sont de plus en plus à l’affût de ces innovations qui pourront les aider considérablement. De plus en plus de groupes du secteur mettent en place des cellules de veille dont la mission est de détecter et de tester in situ les nouvelles technologies. Dans certains cas l’entreprise de propreté peut même engager un partenariat technique avec un fabricant dans le but de développer un matériel spécifique.
« Lorsqu’une entreprise de propreté décide d’acheter une machine de nettoyage cryogénique, c’est le plus souvent, à la suite de la demande d’un client, notamment dans le cadre d’un chantier de remise en état. Depuis déjà 5 ou 6 ans le secteur du nettoyage cryogénique a progressé fortement, en particulier au niveau de l’offre en matériels » constate Antoine Romero de la société Delta diffusion qui observe par ailleurs, ces 6 derniers mois, une évolution fulgurante des demandes. L’attente semble forte du côté de l’industrie, mais aussi de la part des entreprises de propreté qui souhaitent acquérir un appareil pour développer de nouvelles activités : chantiers de remise en état dans l’industrie, nettoyage après sinistres…
-78,5°C en sortie de machine
Pour le spécialiste en cryogénie, cette technologie représente aujourd’hui un moyen à la fois performant, sûr et compétitif pour pratiquer une décontamination, un dégraissage, éliminer les moisissures ou encore restaurer des tombes ou des monuments. Le nettoyage par cryogénie est une réelle opportunité pour tous ceux qui souhaitent utiliser une technologie d’avenir dans le monde du nettoyage tout en préservant l’environnement. La particularité de cette technique est d’abord de s’affranchir de tout produit de nettoyage ou de décapage. De plus, non humide et non conductrice grâce à la glace sèche, la cryogénie peut être appliquée dans les zones ou d’autres méthodes sont exclues. Elle permet, par exemple, d’intervenir directement sur des moteurs électriques et des installations équipées de composants électriques, pneumatiques et hydrauliques. Le nettoyage cryogénique est une méthode qui utilise du gaz carbonique sous forme de glace ou de pellets à une température de -78,5°C. Celui-ci est projeté sur les surfaces à traiter à l’aide d’air comprimé. « C’est en fait la combinaison de trois effets : l’énergie cinétique du pellet qui est projeté, le choc thermique qui fragilise les salissures qui se contractent et se détachent sous l’effet de la basse température, et la sublimation de la glace qui passe directement à l’état gazeux en prenant 400 à 700 fois son volume » détaille le responsable de Delta diffusion, qui est à la fois distributeur et premier fabricant français de deux machines.
Des machines françaises
Les industriels du secteur sont essentiellement américains et danois, ce qui peut aussi expliquer le fait que la cryogénie soit encore très peu connue en France. C’est pour cette raison qu’Antoine Romero s’est lancé dans l’aventure, mais aussi parce qu’il connaît très bien le potentiel de cette technologie pour l’utiliser depuis de nombreuses années en tant que prestataire. « C’est souvent la solution idéale, mais encore méconnue, dans l’industrie pour un nettoyage à sec. Tous les secteurs liés à la fabrication d’appareils électriques sont concernés, nous travaillons par exemple sur une machine uniquement dédiée au nettoyage des armoires électriques », poursuit l’industriel qui prédit un transfert rapide de cette technologie de l’industrie vers les entreprises de propreté, et possède aussi à son actif la mise au point du pistolet le plus puissant du marché avec 15 bars de pression.
Pour optimiser le système et l’ouvrir à de nouvelles applications Delta diffusion a adjoint un abrasif naturel (grenat ou silicate de calcium) aux pellets de glace carbonique, déposant par la même occasion auprès de l’INPI le nom de Cryoblaster. Une façon, selon son promoteur, d’installer la machine auprès des professionnels, voire du grand public. « De la même façon que l’on parle communément de Kärcher à propos d’un nettoyeur haute pression, nous voulons créer ce même réflexe avec l’appareil de cryogénie ! ».
Un coût très attractif
« Contrairement à ce que l’on dit cette technologie existe depuis les années 50, mais on assiste depuis une dizaine d’années à une augmentation des performances, avec une diminution parallèle de la consommation d’air, de la pression nécessaire et de la quantité de glace carbonique utilisée. Entre 1990 et 2010 nous avons connu au moins 3 ou 4 générations de machines. Le prix du matériel et de la glace a baissé. Une bonne machine, pas le moins du monde low-cost, coûte entre 16 et 24 K€ La consommation en air est de l’ordre de 5 000 l/min et la consommation de glace de 40 à 70 kg/h, à un prix d’environ 1,20 €/kg.
Cette technologie demeure onéreuse, mais le retour sur investissement est très intéressant. Une intervention d’une journée représente environ 1 500 à 2000 € avec une productivité incomparable.
Si on prend le cas d’un client souhaitant remettre à neuf un escalator, la cryogénie est la solution idéale qui lui redonnera un appareil nickel jusque dans les moindres détails, avec un rendement de travail de 7 à 10 m2/h. Sachant qu’une marche fait environ 1 m2 en deux ou trois heures, avec un opérateur on peut obtenir un excellent résultat », note Jean-Michel Ott, responsable de la société Cryonet, qui estime que tout est encore à faire sur le marché français qui compte 10 fois moins de machines que son homologue allemand.
Des ultrasons pour traquer les salissures
Le nettoyage à ultrasons, connu et utilisé depuis de nombreuses années dans l’industrie de précision (orfèvrerie, horlogerie, électronique), comme dans l’univers de la santé (biomédical, laboratoires…), peut aussi trouver sa place dans d’autres types d’environnements industriels.
À l’instar du français Microsemi, les fabricants proposent aujourd’hui des cuves dont la contenance peut atteindre 300 litres, permettant ainsi le nettoyage en profondeur d’objet ou de systèmes de plus grande taille. Les ultrasons, générés à l’intérieur d’une cuve contenant un liquide, favorisent le décollement des salissures
et renforcent l’efficacité des solutions détergentes qui peuvent être utilisées. L’immersion totale permet un résultat homogène sur l’ensemble de l’objet, y compris dans les espaces habituellement inaccessibles à un lavage manuel. De la fréquence utilisée dépendra la force d’arrachement des salissures. Certaines machines proposent même un travail sous vide pour rendre l’action des ultrasons encore plus efficace.
Parole d’utilisateur
Guillaume de Montessus, Onet
" Nous travaillons avec la technologie UV, dans l’industrie agro-alimentaire notamment. L’eau qui passe à travers des lampes UV à l’intérieur d’un réacteur est débarrassée des germes et sort pure d’un point de vue bactériologique. Cette solution est intéressante pour nous, car il peut arriver que les surfaces propres soient recontaminées après nettoyage du seul fait d’un rinçage. Pour une utilisation optimale, le réacteur doit se brancher directement sur le réseau d’eau le plus proche possible du robinet de sortie. Les germes sont détruits à l’instant T mais l’eau n’est pas stérilisée pour autant. Les appareils qui existent sur le marché peuvent traiter de quelques litres à plusieurs milliers de m3, ils sont notamment utilisés pour les piscines. Dans l’agroalimentaire, ils trouvent toute leur utilité lorsque des éléments extérieurs peuvent provoquer une contamination de l’eau de rinçage, c’est le cas par exemple en Bretagne avec les phosphates présents dans les nappes phréatiques. Le coût du réacteur va dépendre des volumes traités, mais on peut s’équiper pour 3 000 €.»